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Pyrrhonismique
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10 janvier 2008

"Amnesiac/Kid A" 23 juillet 2007

Un homme perdu dans le marais.

Embourbé jusqu'au genou, son pantalon durci par la boue sechée. Entravé.

Il s'était promis qu'il n'y reviendrait plus, pourtant le revoilà.

Il a perdu son chemin, il a oublié de quel côté il fallait tourner, ou bien fallait-il continuer tout droit, justement?

Maintenant il est dans l'eau putride, piegé par la mangrove, herrissée tout autour de lui.

La panique ne l'a pas encore gagné comme la dernière fois, cela fait pourtant plusieures heures que la brume est apparue.

Il ne voit pas à plus de 20 metres, mais il sait que s'il continue tout droit, il retrouvera le chêne bicentenaire. Avant ca, il faudrait déjà qu'il quitte cet espace marécageux.

Il a cru entendre le chant d'un oiseau, mais peut-être était-ce le sifflement du vent entre deux branches.

Avec l'eau glaciale dans lequel il évolue depuis maintenant quelques dizaines de minutes, il a l'impression d'avoir les jambes brulées . C'est une impression qu'il connaît bien, et paradoxalement , ca ne le fait pas souffrir.

Il ne se rappelle plus la cause de sa venue ici, il ne sait même plus depuis quand il est là, à patoger sotement dans ce marécage.

A en juger par sa fatigue, il devrait être ici depuis une dizaine d'heures. Fait-il nuit ou jour? Le brouillard est tellement épais, la mangrove tellement dense qu'il ne peut le savoir.

Au fait, il fait tellement sombre qu'il ne peut plus rien distinguer, juste des ombres plus sombres que les ténèbres même, serait-ce réellement des arbres où une sorte d'êtres inertes, l'observant s'enrouler, s'enfoncer dans cette vase molle et collante?

Plus qu'un seul objectif: sortir de l'eau, le reste n'est plus nécessaire, et puis son optimisme le persuade que rien n'est totalement perdu.

Des larmes coulent sur ses joues? Ou bien est-ce la sueur? Entre panique et peur.

Il tente vainement de trouver des raisons à sa venue ici, il faut réflechir pour ne pas perdre le fil. Depuis le temps qu'il est là, ca doit faire des années -des siècles, même- il ne s'est pas encore demandé pourquoi (tout optimisme s'est maintenant envolé).

Pourquoi n'est-il pas mort, tout simplement? Pourquoi est-il seul, pourquoi ne voit-il plus rien, pourquoi y a-t-il autant de silence? Pourquoi est-il là?

Il n'a plus pied, il se laisse emporter, son corps flottant comme du bois.

Il parvient plus loin à attraper une racine, il se hisse et se retrouve sur la terre ferme. Il reprend son chemin, et malgré son sens de l'orientation défaillant, il sent qu'en allant tout droit, il parviendra forcément à son but. (quel est-il?)

A courir aussi vite entre les palétuviers dans l'obscurité quasi-complète, il fallait bien qu'il trébuche contre une racine. La boue et le sang se sont aglutinées dans ses narines et contre ses paupière. Il fait tellement froid qu'il ne sent plus ses membres non plus. Il se relève pourtant, mais ne cesse de se cogner contre les troncs.

Il n'est plus qu'un spectre, déambulant dans ce marécage, trébuchant contre les racines. Hurlant à en perdre la voix.

c'est peut-être ca la fin, la perte de toute perception?

Un vagabond perdu dans les limbes.

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